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Franges franciliennes

Intervention de Nature Centre au Conseil Economique et social régional lors de la séance consacrée au développement des franges franciliennes


Les franges franciliennes


La question des franges franciliennes pose celle de la cohésion de la région dans son ensemble. Car au risque de trop plein au nord correspond celui d'un sud trop vide : façon sans doute un peu sommaire de présenter les choses, mais qui veut surtout signifier que ce sont là les deux faces d'un même problème. Les solutions sont à rechercher non pas dans une compétition, mais dans une concertation interrégionale, ne serait-ce que par cohérence. Et il s'agit de choisir entre deux approches : la première consiste à faire un état des lieux, de repérer les problèmes les plus flagrants, et de s'efforcer de réduire autant que possible leurs impacts négatifs.

On s'expose alors au risque de retrouver dix ans plus tard les mêmes problèmes, mais nettement aggravés. Les réflexions menées antérieurement sur ce mode n'ont guère eu d'effets positifs sur une maîtrise de la situation. L'autre approche dépasse le seul constat pour s'attacher à repérer les causes des problèmes afin d'agir sur elles. Il ne s'agit plus d'accompagner la situation en essayant de limiter les dégâts, mais bel et bien de chercher à l'orienter dans le sens le plus favorable, sur un principe que l'on pourrait résumer ainsi : définir le souhaitable et le confronter au possible. C'est une démarche sans doute plus ambitieuse, en tout cas volontariste. Dans le contexte des franges franciliennes, on s'aperçoit que les flux migratoires quotidiens, dus à l'accroissement des distances entre lieu de travail et lieu de résidence, sont à l'origine d'effets négatifs majeurs : environnementaux, avec l'augmentation des transports, sociaux (tout particulièrement familiaux avec l'absence prolongée des parents), économiques (coût pour les collectivités sans contrepartie). Il faudrait ajouter la très relative intégration d'une population qui se sent au fond peu concernée par une région qu'elle ne fait qu'habiter sans vraiment y vivre. Apparaît dès lors un levier d'action agir sur un rapprochement du lieu de travail et du lieu de résidence. Notamment en concentrant les efforts sur le développement d'un tissu d'emplois internes, et en travaillant sur tous les facteurs susceptibles d'inciter des entreprises à s'installer, ceux-ci étant d'ailleurs beaucoup plus diversifiés que par le passé : la région a des atouts pour répondre à de nouvelles attentes. Elle a du même coup aussi de nouvelles chances. C'est un objectif sans doute difficile.

Autre maîtrise : celle de l'espace. Il existe un risque réel si aucune règle  n'est clairement définie. L'enjeu appelle à se pencher sur le souhaitable et le possible, en acceptant l'idée que souhaitable peut dans ce cas être plus limitatif que le possible.Une politique concertée de l'espace est indispensable : les nouveaux modes d'organisation territoriale peuvent permettre d'aller en ce sens à condition que soit acceptée l'idée d'une autorité arbitre, garante de cohérence, de caractère non pas tant supra régionale qu'inter-régionale.Ce n'est pas seulement de la population que la région parisienne peut apporter à la région Centre, mais aussi de l'activité. Mais une activité s'appuyant sur des facteurs et des atouts propres à notre région. Celle-ci peut devenir un refuge qui ne se limite au tourisme, même de proximité, mais à une offre bien plus large fondée sur une qualité de vie dans tous ses aspects. C'est sur cela que la région doit fonder sa différence.

 


Prises de position Aménagement du Territoire

ll devient urgent de réaliser que l'espace ne se reconstitue pas à mesure que nous le dévorons. Il serait prudent de ne pas chercher à nous rassurer trop vite en balayant la question d'un « mais de la place, il y en a encore » un peu rapide. Comme si ces espaces non bâtis donnaient le sentiment d'un vide insupportable à combler. Nous n'avons sans doute pas encore suffisamment réalisé que ce sont des espaces de vie indissociable de la nôtre. Cela devrait paraître du moins évident pour l'espace agricole, or, ça n'est pas toujours le cas, tant s'en faut.

Alors, jusqu'où occuper l'espace ? Existe-t-il des limites au peuplement des territoires ? S'il existe un équilibre entre espace « libre » et espace occupé, où se situe-t-il ? Faut-il favoriser la concentration de la population et des équipements ici, concentrer ailleurs la production agricole et aller jusqu'au bout de la désertification de certaines zones laissées sans trop de regret à la nature car décidément trop loin de tout ? Mais est-ce possible, ne serait-ce qu'au regard du fonctionnement de l'espace naturel ? La Trame Verte et Bleue s'invite aujourd'hui dans le débat et son premier mérite est de nous rappeler l'évidence que la nature a besoin de place partout, y compris en zone urbaine.

Les outils actuels, tels que les SCOT, montrent leurs limites, en ce sens qu'ils organisent davantage la consommation de l'espace que véritablement sa maîtrise. Il faudra bien s'interroger sur le bon niveau des décisions : peut-on sérieusement espérer mettre en œuvre une véritable politique d'économie de l'espace sans une autorité supra locale ? Veiller à l'équilibre suppose une vision suffisamment globale et éloignée des pressions de tous ordres. Ce peut aussi être le fait d'un schéma régional, largement concerté dans sa phase d'élaboration, mais opposable une fois en place.

Cette régulation politique doit bien sûr s'accompagner d'une révision fiscale. Cette réforme devrait avoir pour objectif de rééquilibrer le marché du foncier, notamment péri-urbain, par la préservation à long terme des espaces naturels et agricoles. Il s'agirait d'augmenter fortement les prélèvements fiscaux concernant toute artificialisation des sols, et en parallèle, d'attribuer aux espaces naturels un prix obligeant sa prise en considération. L'actuelle gratuité des services rendus par les milieux naturels en occulte la valeur dans le système économique, alors même que leur perte, leur artificialisation, ou leur surexploitation se paye un jour par la collectivité. L'étude du paiement de ces services écologiques est un préalable à la mise en place d'une recherche déterminée de ces équilibres si difficiles à trouver, les parties à prendre en compte, développement d'une part, espace naturel de l'autre, étant très inégalement valorisées, voire pas du tout pour ce dernier.

La fonction de l'agriculture doit aussi être repensée en zone périurbaine, dans le sens d'un développement des liens économiques et fonctionnels avec la population résidente.

Aménager l'espace c'est croiser la robustesse des territoires, au sens de leur capacité à supporter les soubresauts de l'économie, c'est valoriser les atouts locaux, rechercher l'équité des moyens pour permettre l'accessibilité à toutes les ressources publiques potentielles, préserver nos espaces naturels, les espèces qui y vivent et enfin faire preuve d'une exploitation responsable des matières premières et renouvelables. Pour faire court, il s'agit bien de durabilité. Appliquons les cinq finalités de l'agenda 21 : la lutte contre le changement climatique, la préservation de la biodiversité, des milieux et des ressources, la cohésion sociale et la solidarité entre les territoires et les générations, l'épanouissement de tous les êtres humains, une dynamique de développement suivant des modes de production et de consommation responsables.

La population régionale va connaître à l'avenir de profonds changements déjà à l'œuvre. Notre région va vieillir. Certes, ça n'est pas une découverte. Certes, elle ne sera pas la seule à subir ce phénomène général. Mais elle sera plus touchée que d'autres, du moins sur une large part de son espace. Si les projections démographiques devaient suivre leurs tendances actuelles, les effets sur la société régionale conduiraient à de tels déséquilibres qu'il deviendrait parfaitement vain d'évoquer une quelconque cohérence.A plus d'un égard, nous ne sommes pas préparés à passer ce cap difficile des prochaines décennies, celui d'un bouleversement de la pyramide des âges que nous devons dès maintenant regarder en face sans le refuser ni en avoir peur.

Osons mettre un terme à l'illusion que chaque territoire, quelle que soit sa réalité, et notamment sa réalité démographique, serait à égalité avec tous les autres, la différence n'étant qu'une question de nombre d'habitants censés rendre ses besoins plus modestes. Osons affirmer que chacun a bien entendu un rôle qui contribue à la vie régionale, mais un rôle qui corresponde à son contexte propre. Et par conséquent, osons proposer des solutions différenciées en fonction de ce contexte.

Si rien ne vient modifier la donne, le vieillissement de notre région sera aggravé par la baisse des jeunes et des classes d'âge de la population active. Enrayer ce fait aggravant passe par un changement de la représentation de notre région, représentation que nous donnons d'elle, mais aussi et d'abord représentation que nous nous faisons d'elle. Proposons une vision, c'est-à-dire au final une offre qui soit davantage en phase avec les attentes de la société actuelle et de demain.

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